Quelques grands noms de la littérature de la Grèce ancienne

 

I) De la guerre de Troie à Homère

On situe la guerre de Troie aux alentours de 1 200 avant J.C. Homère (s'il a existé) aurait écrit vers 800 avant J.C.

Quelques incohérences relevées dans les deux épopées font penser que l'Iliade et l'Odyssée seraient l'oeuvre de plusieurs auteurs que d'un seul. Mais la question reste en suspens... Par beaucoup d'aspects, d'autre par, ces épopées relèvent encore de la littérature orale : Homère ne serait-il alors que le transcripteur d'une tradition séculaire ? Rien ne permet de trancher le débat de manière définitive.

L'Iliade évoque la querelle entre Achille et Agamemnon après que ce dernier s'est emparé d'une des captives d'Achille, Briséis. Achille s'est retiré du combat où les Achéens risquent bientôt d'être vaincus. Patrocle convainc Achille de l'autoriser à prendre sa place au combat en revêtant les armes de son ami, mais se fait tuer par Hector, fils de Priam (le roi de Troie). Fou de douleur et épris de vengeance, Achille enterre Patrocle avec éclat avant de retourner au combat et de tuer Achille.

L'Odyssée relate les péripéties du retour d'Ulysse depuis Troie jusqu'à Ithaque dont il est le roi, tandis que son fils, Télémaque, devant les attaques répétées des ennemis de son père dans l'île, part à sa recherche. Père et fils se retrouvent enfin à Ithaque où Ulysse parvient à tuer les prétendants à son trône et à la main de Pénélope, sa fidèle épouse.

 

II) La période archaïque

Aux IXème et Xème siècles ont lieu les grandes invasions doriennes. C'est le déclin de la civilisation du bronze ; le fer devient un métal d'usage courant.

776 marque l'année des premières olympiades connues.

Du VIIIème au VIème siècle se produisent de grandes colonisations grecques en Sicile, en Espagne, à Marseille. Dans le domaine religieux se développent des sanctuaires et des mystères.

Au VIème siècle, enfin, les crises sociales augmentent. Souvent, un tyran prend le pouvoir dans la cité.

Le seul écrivain connu de toute cette période est Hésiode, qui aurait écrit vers 750.

La Théogonie retrace une généalogie des dieux. Les Travaux et les Jours présentent une sorte d'autobiographie au plan très lâche, avec des allégories, des mythes... Cette oeuvre nous transmet des documents intéressants sur la vie aux champs de cette époque.

 

III) Les approches de la démocratie

L'évolution se précipite dans tous les domaines : politique, arts, littérature. L'architecture s'épanouit, avec la construction de très nombreux temples.

1. Solon (vers 640, vers 560)

C'est le plus ancien des poètes et de tous les écrivains athéniens. Il s'occupa surtout de politique intérieure et de réformes des institutions. Dans son oeuvre, il établit donc des lois selon une politique de juste milieu.

2. Sapho (contemporaine de Solon)

Elle est la seule grande poétesse de la Grèce ancienne. Née dans l'île de Lesbos, de famille athénienne, elle a chanté sa passion amoureuse dans toute son oeuvre, tout en dirigeant une institution de jeunes filles.

3. Naissance de la tragédie

Vers 530 sont institués des concours tragiques. L'impact de cette invention est comparable à celui de la naissance du cinéma à la fin du XIXme siècle. Parallèlement, il faut noter la naissance de la prose littéraire et la multiplication des fables.

4. Ésope

Sans doute esclave, il connut un très grand prestige à Athènes où on lui érigea une statue. Il nous est parvenu un recueil de 350 fables, dont on ignore la part d'authenticité.

5. Thalès de Milet

Il fut considéré comme un des sept Sages de la Grèce et nous le tenons pour un savant et pour un philosophe.

6. Pythagore de Samos

Il créa une école philosophique très austère, presque monacale.

 

IV) La première moitié du Vme siècle

Après leur victoire contre les Perses aux guerres médiques, les Grecs connaissent une maturité grandissante dans les domaines artistique, intellectuel, littéraire et politique.

Deux victoires sont restées célèbres : celle de Marathon en 490 et celle de Salamine en 480.

En sculpture, il faut noter que le corps humain est représenté désormais en action, comme l'atteste la célèbre statue du Discobole.

1. Pindare (né vers 518)

De ce Thébain nous sont parvenus des poèmes Pythiques et Isthmiques (hymnes victorieux) et d'autres poèmes, tous lyriques, en l'honneur de la nation ou pour célébrer des jeux.

2. Eschyle (né en 525)

C'est le véritable créateur de la tragédie épique. Ses sujets sont empruntés essentiellement à la légende, mais il participe aussi à la vie de la cité en combattant par exemple à Marathon et à Salamine.

Après des débuts laborieux au théâtre, en 500, il écrivit 90 tragédies dont il nous reste seulement 7 pièces : L'Orestie (trilogie), comprenant Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides ; Les Suppliantes ; Les Sept contre Thèbes ; Prométhée enchaîné (seule pièce à propos des dieux) ; Les Perses.

Après avoir mis deux acteurs en scène, il porta leur nombre à trois.

3. Hérodote (vers 485, vers 425)

Né en Asie, cet historien des guerres médiques a fait de longs séjours à Athènes. Dans son oeuvre, les Histoires, il montre un grand souci de sincérité et un esprit curieux et ouvert, mais assez crédule !

 

V) La seconde moitié du Vme siècle

L'impérialisme et le déclin d'Athènes

La rivalité entre Sparte et Athènes se concrétise avec la guerre du Péloponnèse. À Athènes domine la personnalité de Périclès, qui y exerce un impérialisme plutôt pacifique. C'est l'époque des grandes constructions (celles de l'Acropole en particulier) et l'apogée de la sculpture classique, dont le plus grand représentant se nomme Phidias.

1. Sophocle (490 406)

Beau, talentueux et vite célèbre, il aurait écrit 163 tragédies, tout en participant activement à la vie de la cité (il a combattu par exemple durant la guerre du Péloponnèse). Sa piété était reconnue de tous.

Sept tragédies nous sont parvenues : Les Trachiniennes, Antigone, Ajax, Oedipe-roi, Électre, Philoctète, Oedipe à Colone.

Si on le compare à Eschyle, on peut dire de lui qu'il développa davantage dans ses pièces l'étude du caractère de ses personnages.

2. Les Sophistes

Ce sont des professeurs ambulants qui donnent des conférences publiques, surtout sur les recettes de l'art oratoire. Leur grand liberté d'esprit les amenait à critique la religion, la société et même l'organisation de l'État.

On leur a surtout reproché d'inscrire dans leurs programmes de rhétorique la défense de causes injustes au moyen d'arguments spécieux.

Les trois sophistes les plus connus furent Gorgias, Protagoras et Antiphon.

3. Socrate (469 399)

Il n'a rien écrit et se méfiait beaucoup des livres. Mais sa personnalité domine toute la littérature philosophique des siècles suivants.

Il ne quitta Athènes que pour se battre au sein de l'armée, où il montra un courage et un sang-froid légendaire.

La démocratie athénienne l'accusa "de ne pas honorer les dieux et l'État, de vouloir introduire des divinités nouvelles et en outre de corrompre la jeunesse", et le condamna à boire la ciguë : malgré les propositions de ses amis qui voulaient organiser sa fuite, Socrate préféra rester en prison et accepter le verdict, pourtant totalement inique, de ses concitoyens.

Ce fut un philosophe d'une grande humilité intellectuelle : "Je ne sais qu'une chose, disait-il, et cette chose, c'est que je ne sais rien."

Toute faute morale n'est, selon lui, qu'une erreur de jugement, car Socrate croit en la bonté naturelle de l'homme : "Nul n'est méchant volontairement".

Enfin, Socrate est le premier philosophe à défendre l'idée de l'égalité naturelle entre hommes et femmes.

4. Euripide

Rarement couronné lors des concours de tragédie, il composa 92 pièces. Les poètes comiques raillèrent souvent sa misanthropie, son orgueil et son esprit solitaire. C'est après sa mort que son oeuvre connut un grand succès. Il nous reste un drame satirique (Le Cyclope) et 18 tragédies dont voici quelques titres : Les Troyennes, Iphigénie, Oreste, Électre, Médée...

5. Thucydide (avant 460, fin du Vme siècle)

Il fut exilé d'Athènes de 424 à 404 et fit pour cette raison de nombreux voyages. Il se consacra surtout à l'élaboration de son oeuvre historique, en cherchant à expliquer l'histoire politique et sociale par les faits économiques. Il n'hésite pas à donner des exemples d'erreurs historiques commises par Hérodote, pour prouver sa propre objectivité. Sa méthode, l'investigation, est très poussée : enquêtes, confrontation de témoignages... Il reconnaît le rôle du hasard, mais pense que les chefs politiques ou militaires déterminent le destin des peuples.

6. Aristophane (vers 445 vers 385)

Dans ses comédies, il montre la guerre du Péloponnèse telle que le peuple l'a vécue. Mais il s'intéresse aussi à tous les problèmes de son temps et nous offre une peinture générale de la vie quotidienne, en ville comme à la campagne.

Ses dix premières pièces furent jouées sous le nom d'un ami. Sur l'ensemble de ses 44 comédies, 11 seulement nous sont parvenues. en 426 furent joués Les Acharniens (première comédie conservée) ; en 424, Les Cavaliers (première pièce jouée sous son nom). Parmi les autres pièces conservées figurent Les Nuées, Les Guêpes, Les Oiseaux, Les Grenouilles, ou encore L'assemblée des Femmes.

 

VI) Le IVme siècle

Après sa défaite face à Sparte, Athènes connaît le gouvernement tyrannique des Trente, puis le retour de la démocratie. Le milieu du IVme siècle est marqué par la lutte entre Philippe de Macédoine et Démosthène. En 338, après la bataille de Chéronée, Philippe devient le chef de la confédération panhellénique. Puis, ce sont les conquêtes d'Alexandre jusqu'en 323, date de sa mort. Ses successeurs démembrent alors son héritage en se le disputant.

1. Xénophon (426 355)

Il fut un des disciples de Socrate, banni à la mort de ce dernier, puis de retour à Athènes vers 367.

Un de ses ouvrages revêt une valeur historique : c'est l'Anabase, récit de l'expédition des Dix Mille contre les Perses. Par ailleurs, il a écrit des ouvrages sur Socrate, L'Apologie, Les Mémorables, Le Banquet, et également des oeuvres plus générales sur la politique.

 

 

2. Platon (427 347)

Après une éducation soignée, il rencontre Socrate à l'âge de 20 ans. En 380, il ouvre un lieu d'éducation, le Gymnase de l'Académie.

Son oeuvre a été intégralement conservée : 42 dialogues et 13 lettres, le tout n'étant peut-être pas authentique.

Voici quelques titres : Apologie, Ion, La République, Le Banquet, Phèdre, Les Lois...

3. Isocrate (436 338)

Cet Athénien, handicapé par sa timidité et la faiblesse de sa voix, préféra ne pas se lancer dans la politique. En 406, il devient logographe et rédige donc des plaidoyers pour des clients peu habiles (à Athènes, en effet, l'accusé devait se défendre lui-même, sans avoir recours à un avocat qui plaide à sa place). En 393, il ouvre une école d'éloquence qui lui assure très vite sa renommée.

Il nous reste de lui 6 plaidoyers, 8 lettres et 14 discours.

Isocrate rêvait d'une nation panhellénique unie contre les Perses.

4. Les autres orateurs attiques

Ce sont surtout Lysias (vers 440 vers 360), Andocide (né vers 440), Lycurgue (mort vers 324), et Eschine (né vers 390), adversaire de Démosthène et partisan de Philippe.

5. Démosthène (384 322)

Manifestant très tôt des talents oratoires, il devient logographe. En 351, il prononce la Première Philippique, et connaîtra dix ans durant une grand popularité. Mais en 324, accusé de vénalité, il doit s'exiler. Deux ans plus tard, à nouveau banni, il choisit de s'empoisonner.

6. Aristote (384 322)

Né en Macédoine, il vient à Athènes à l'âge de 17 ans ; il s'y fait disciple de Platon jusqu'à la mort de celui-ci. Puis il suit l'enseignement d'Alexandre avant de revenir à Athènes fonder une école, le Lycée. À la mort d'Alexandre, en 322, il se retire en Eubée où il meurt de maladie.

7. Ménandre (342 292)

Par opposition à Aristophane, il représente la comédie nouvelle (où des moeurs plus raffinées sont portées à la scène). Il fut plus apprécié de la postérité que de ses contemporains. Parmi ses 104 comédies, beaucoup furent imitées par les latins Plaute et Térence.

 

VII) La période hellénistique et romaine

Le sol grec est le théâtre de luttes incessantes entre Macédoniens, Étoliens et Achéens.

En 196, Rome "libère" la Grèce de la Macédoine, mais en 146, la Grèce devient province romaine.

1. Les philosophes

Trois d'entre sont des noms très connus :

a) Zénon (mort en 264) : il est le fondateur du stoïcisme.

b) Épictète (mort en 50 après J.C.) : ce fut un esclave, philosophe stoïcien.

c) Épicure (341 270) : en 306, il fonda une école, le Jardin, dans laquelle amitié et recherche du bonheur comptent parmi les valeurs essentielles.

2. Les savants et les érudits

En 307 furent créés le Musée et la Bibliothèque d'Alexandrie.

Dans le domaine scientifique dominent les noms d'Euclide et d'Archimède. Mais de nombreux grammairiens, historiens... apportèrent leur science durant cette période.

3. L'histoire

Deux noms dominent : celui de Polybe (deuxième siècle avant J.C.), et surtout celui de Plutarque (46 vers 126), historien, mais aussi philosophe et moraliste ; son oeuvre, Les Vies Parallèles, connut un grand succès.

4. Le roman

Nous connaissons Lucien (vers 125, vers 192) : il écrivit plusieurs récits fictifs et beaucoup de dialogues. Parmi ses oeuvres figurent Histoire vraie, L'Âne, Le Dialogue des Morts.