1.1.2. Le XVIIIème siècle

è Un objectif : le bonheur

· La crise des valeurs classiques. La monarchie et le catholicisme, armature inflexible de la société du XVIIe siècle, s'affaiblissent après la mort de Louis XIV, en 1715. La Régence de Philippe d'Orléans voit exploser de toutes parts l'ordre antérieur des mœurs et des institutions. L'argent et le pouvoir qu'il confère deviennent les nouvelles valeurs tandis que le recul militaire de la France semble mettre un terme définitif à sa suprématie en Europe.

 

· L'essor de l'esprit critique. C'est l'Angleterre désormais qui sert de modèle : son développement économique captive les intellectuels du XVIIIe siècle qui rejettent la spéculation métaphysique pour s'intéresser au monde matériel et transformer la société. La littérature milite pour le triomphe de la Raison dans tous les domaines : la philosophie devient un instrument au service des hommes. Tout est alors matière à discussion et de nouveaux lieux de rencontre fleurissent en ville Les salons (d'abord mondains, comme ceux de Madame de Lambert et de Madanie de Tencin) deviennent des cercles philosophiques à partir de 1750, On se réunit aussi dans les clubs dont le plus célèbre, le club de l’Entresol, accueille l'élite intellectuelle du temps place Vendôme, Le café de la Régence et Je Procope connaissent un succès grandissant.

è Une oeuvre majeure : l'Encyclopédie

· Le triomphe de l'esprit philosophique. L 'Encyclopédie ou dictionnaire ra1sonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres est le fruit d'un travail de 21 ans, de 1751 à 1772, conduit par Diderot L’Encyclopédie comporte 17 volumes de textes, 11 volumes de planches et 5 volumes de suppléments.

- Contre l'obscurantisme. Véritable machine de guerre contre la religion et la superstition, cet ouvrage unique ouvre la voie au mouvement révolutionnaire de 1789, en propageant les nouvelles valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Aucun domaine de l'activité humaine n'échappe à ses rédacteurs, La philosophie, les sciences pures, l'histoire naturelle, la grammaire et la littérature sont traitées aux côtés des arts et des techniques, avec une égale rigueur. Considérée comme subversive par ses détracteurs attachés à l'ordre ancien, l'Encyclopédie est I'œuvre-phare du Siècle des Lumières.

è En marge du rationalisme

- Le mouvement libertin. Le fin du règne de Louis XIV S'était déroulée dans un climat d'austérité janséniste impulsé depuis la cour par Madame de Maintenon. Affranchies de ce carcan, les classes dirigeantes de la société française mènent joyeuse vie, se tournent vers les plaisirs, le luxe et un épicurisme facile, cri bousculant la morale traditionnelle. Les œuvres de Restif de la Bretonne, de Chaderlos de Laclos et de Sade expriment par leur audace la violence de cette remise en cause. Ce bouleversement éthique participe du même désir de liberté que le mouvement rationaliste dans le domaine de la pensée. Moins prudemment que les philosophes, les libertins vont jusqu'à nier l'existence de Dieu et jettent, eux aussi, les bases du matérialisme.

- Le cœur a ses raisons... L’œuvre de Rousseau occupe une place à part. Loin de célébrer une foi inébranlable dans le progrès, elle se nourrit de la nostalgie d'un âge d'or où l'homme et la nature vivaient en harmonie. Elle accorde une place essentielle aux sentiments, au rêve et à l'émotion, et n'est pas dénuée de poésie. Ce genre littéraire fait figure de parent pauvre dans le siècle. Ainsi l’œuvre d'André Chénier demeure une exception. Elle atteste l'existence d'une sensibilité qui annonce le Romantisme. Les pièces de Marivaux, aux antipodes des oeuvres des philosophes, attirèrent le mépris de ces derniers La subtilité de leur style et la finesse de leurs analyses en font néanmoins des oeuvres majeures.