5. Inspiration et préservation des Écritures



Résumé

       Si Jésus et ses disciples connaissaient le Nom, comme l'indique l'arrière-plan sémitique des évangiles, comment se fait-il que les manuscrits grecs du Nouveau Testament qui nous soient parvenus n'en conservent aucune trace ? Comment se fait-il que les 5745 témoins du NT ne comportent pas le tétragramme, si celui-ci figurait dans les autographes ?

       Il est déjà exagéré de dire qu'il ne subsiste aucune trace (cf. יה dans la Révélation). De plus, la grande majorité des témoins est postérieure au IVe siècle. Or, durant les IIe et IIIe siècles, les copies ne sont pas toujours réalisées de manière professionnelle, et aucun contrôle, aucune "copie autorisée" (ou archétype) n'est en circulation. Pour cela, il faudra attendre l'institutionalisation de la religion chrétienne avec l'avènement de Constantin (IVe s.). Ainsi, constater l'absence du tétragramme dans une multitude de témoins, aussi fidèlement transmis soient ils, ne renseigne pas avec certitude sur le contenu des autographes : cela ne fait que révéler quel canon a été fixé au IVe s., et de quelle orthodoxie il procède.

       Est-ce à dire que le texte du NT qui nous est parvenu n'est pas fiable ? Que sait-on de la transmission des textes bibliques ? Pour remettre les choses dans leur contexte, le chapitre 5 aborde les notions d'inspiration et de préservation des Ecritures, en montrant que si la première est une notion parfaitement biblique, la seconde n'en est pas une conséquence obligatoire. Quelques textes promettent la préservation des Ecritures (Isaïe 40:8, Psaumes 119:89, Matthieu 5:18, 24:35, Jean 10:35, 1 Pierre 1:25), ou plutôt de la Parole de Dieu, mais la notion de préservation inerrante, sans erreur, n'en en fait pas biblique, comme l'examen de quelques versets et de quelques situations le met en évidence (Matthieu 13:24-26, Jean 21:25, Colossiens 4:16) et d'ailleurs la Bible met en garde les personnes qui seraient tentées de la corrompre (Deutéronome 12:32, Révélation 12:18-19). C'est bien que cela était prévisible.

       Fonctionnant comme une entité à part entière, le chapitre 5 introduit donc le lecteur à une synthèse des données concernant la transmission, généralement extrêmement fidèle, des Ecritures (Sopherim, Massorètes, manuscrits de la Mer Morte...), tout en mettant en exergue les corruptions qui peuvent s'être intégrées au texte au cours des âges. Une section entière est consacrée à la critique textuelle du Nouveau Testament. Le chapitre 5 montre quelles causes sont à l'origine des erreurs (ou variantes) dans les textes, et comment il est possible de les déceler et les reléguer dans l'apparat critique.

       Dans la perspective du chapitre 7, quelques textes emblématiques sont analysés, tant pour détailler les méthodes du critique textuel, que pour rappeler, si besoin est, que la copie manuscrite des textes du NT ne pouvait pas être parfaite : Exode 3:15, Jean 5:2-4, Marc 9:43-49, 1 Jean 5:7 (comma Ioanneum), Jean 7:53-8:11 (pericope adulterae), et 1 Timothée 3:16.



Principaux ouvrages cités

Pache, The Inspiration & Authority of Scripture

Vaganay-Amphoux, Initiation à la critique textuelle du Nouveau Testament (voir aussi son édition anglaise)

Metzger, The Text of the New Testament : its transmission, corruption and restoration

Aland, The Text of the New Testament - An Introduction to the Critical Editions and to the Theory and Practice of Modern Textual Criticism

Wegner, A Student's Guide to Textual Criticism of the Bible : Its History, Methods and Results

Greenlee, Introduction to New Testament Textual Criticism

Bock & Fanning, Interpreting the New Testament

Kenyon, Our Bible and the Ancient Manuscripts


Articles cités (les liens pointent soit vers l'article en ligne, soit sur le site de la revue concernée)

Eugene A. Nida, « The Harder Reading in Textual Criticism : An Application of the Second Law of Thermodynamics », in The Bible Translator 32, 1981 : 101-107

• D. B. Wallace, « Reconsidering The Story of the Woman Taken in Adultery Reconsidered. », NTS 39, 1993 : 290-96

D. B. Wallace, « Inspiration, Preservation and New Testament Criticism », GTJ 12, 1992

• B. D. Ehrman, Jesus and the Adulteress, NTS 34, 1988 : 24-44

• Harold G. Stigers, « Preservation: the Corollary of Inspiration », Journal of the Evangelical Theological Society 22, 1979/3 : 217-222

Combs, William W., « The Preservation of Scripture », Detroit Baptist Seminary Journal 5, 2000 : 3-44

Charles Fremont Sitterly, « Text and Manuscripts of the New Testament », in : International Standard Bible Encyclopedia, vol. 5, Chicago, 1929 : 2950-2957


Pour aller plus loin...

Didier Fontaine, « LÉpître aux Laodicéens : traduction et notes », 2006

Carl Franklin, Debunking the Myths of the Sacred Namers

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